Qu'est-ce
qu'une trace? approche transversale
Pierre
Deransart
INRIA -
CRI Paris-Rocquencourt
http://contraintes.inria.fr/~deransar
Les
traces sont au cœur de disciplines aussi variées que la philosophie, la
médecine, l'art, la littérature, la sociologie, l'histoire, la biologie, la
physique, l'astronomie, la pédagogie, l'informatique et bien d'autres. Les
développements récents des sciences et techniques de l'information et de la
communication (STIC) s'accompagnent de la numérisation de toutes sortes de
données dont une grande partie revêt la forme de traces numériques. Des bases
de données de telles traces se constituent et de nouvelles méthodes de
traitements et de nouvelles applications apparaissent, créant des champs
d'activités en pleine expansion. Par exemple la numérisation de l'image ou de
la musique sous forme de traces numériques ouvre des champs de manipulations et
transformations inimaginables auparavant. L'élaboration de connaissances passe
bien souvent par une première collecte de traces.
En
informatique l'objet ``trace'' est relativement bien défini puisqu'il s'agit
souvent d'objets construits volontairement sous ce nom. Mais même si, dans ce
domaine, on peut en traiter assez formellement, la dénomination peut recouvrir
différentes notions pratiques. La première question que l'on veut aborder ici
concerne la transversalité de l'idée de trace: dans quelle mesure l'objet trace
auquel on s'intéresse ici recouvre des notions communes à différents domaines
d'activité ou de recherche.
En
première approche on pourra donc considérer qu'un objet ``trace'' est une
séquence d'états ou configurations d'un système ou d'un processus plus ou moins
bien repéré, comme une suite d'instantanés. Chaque état dans la trace sera
nommé ``événement'' de trace. On peut s'intéresser également à des collections
finies ou infinies de traces, elles-mêmes finies ou infinies[1].
De telles collections sont en général constitués dans le but d'obtenir de
nouvelles connaissances. Une question se pose alors de relier ces événements
entre eux et on désignera par ``action'' ce qui peut être repéré comme la cause
ou l'explication de l'existence d'un nouvel événement.
Après
un essai de classification des traces inspiré du travail d'A. Serres[2], et l'analyse de quelques manières formelles d'associer des
connaissances aux traces, on essaiera de préciser quelques questions possibles,
l'objectif étant surtout d'ouvrir un débat.
·
N'y
a-t-il pas dans chaque discipline évoquée une (ou plusieurs) notions de traces.
Quelles sont alors leurs spécificité? Quels sont leurs point communs?
·
Dans
un champ d'études travaillant à partir de traces, quelles sont les actions ou quels
sont les états correspondant à des événements de trace?
·
Quels
apports attendre d'une approche multi- ou inter- disciplinaire de la trace,
dans quelles disciplines et à quel niveau?
·
L'acquisition
de connaissances s'appuie sur de multiples étapes plus ou moins hiérarchisées.
On retrouve souvent l'idée d'une ``trace première'' (obtenue par un réseau de
capteurs par exemple), inexploitable comme telle mais synthétisée ou
``abstraite'' en une nouvelle trace analysable, à partir de laquelle de
nouvelles connaissances peuvent être découvertes à l'aide d'analyses
spécifiques. La qualité des
connaissances obtenues dépend de la qualité des étapes (recueil de données,
transformations de traces, analyses,...). Quelles transformations sont
réalisées? Les questions de qualité sont-elles les mêmes (confiabilité, sécurité, ...)?
Liste
bien sûre non exhaustive ...